Bien souvent les conseils que je lis pour le choix du tissu sont plutôt dissuasifs (est-ce un hasard ?) et reviennent à “pas de tissu destiné à l’habillement ni à l’ameublement”. Bon, d’accord, mais alors … destiné à quoi ?

Prenons les choses autrement. Considérons un tissu quelconque. En l’observant on conclura qu’il sera adéquat pour telle ou telle utilisation, et comme nous n’avons que les cases “habillement” et “ameublement” dans nos têtes, nous le mettons dans l’une ou l’autre. Ajoutons la case “portage”, et nous pouvons ranger notre tissu dans habillement et/ou ameublement et/ou portage. Élargissons notre champ de vision, et tout devient plus simple.

Puisque nous en sommes là, à quelles conditions pouvons-nous mettre notre tissu dans “portage” ? Avec un brin de jugeote nous pouvons éliminer les tissus

  • ajourés, brodés, plus généralement avec tout relief qui peut incommoder voire blesser porteur et porté
  • qui glissent (satinés, cirés)
  • synthétiques qui retiennent la transpiration
  • trop raides car d’évidence difficiles à nouer
  • trop élastiques, qui ne soutiennent rien du tout
  • trop épais, étanches eux aussi à la transpiration dans un sens et à l’air dans l’autre
  • au contraire trop fins qui scient et coupent la circulation, à supposer qu’ils soient suffisamment solides

À cette étape-là, on retiendra qu’il faut des matières naturelles, mélangées ou non (coton, lin, chanvre, bambou), tissées régulièrement.
Et c’est là qu’on entre dans le domaine du subtil : “trop”, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est bien ce qui pose question, fait cliqueter les claviers, emplit les forums et nourrit les comparatifs.
Prenons les choses point par point :

  • Élasticité. Je voudrais tordre le cou à une idée reçue : non, le tissage croisé ou sergé n’est pas incontournable (il y a un point qui mérite attention cependant, voir plus bas) et si le fil lui-même s’étire légèrement un tissage droit suffit, sinon c’est le tissage croisé qui donnera l’élasticité qui manque. Mais surtout, ce qu’il faut vérifier, les yeux fermés s’il le faut pour oublier cette histoire de tissage croisé ou droit, c’est que le tissu résiste en longueur et en largeur, et s’étire légèrement dans les deux diagonales.
  • Epaisseur et densité du tissage. Il faut pouvoir faire facilement un noeud plat qui tient. Et ne pas oublier que lorsque le tissu est neuf il peut y avoir un apprêt qui le rend à la fois un peu raide et glissant.
  • Raideur, justement. Vous pouvez considérer que si vous pouvez faire le noeud sans forcer, c’est bon signe. Malgré tout, une attention toute particulière doit être portée sur le nouage en kangourou et ses dérivés (sur le côté, en sac à dos) : l’écharpe doit pouvoir former un U assez fermé sans faire de plis tout en soutenant bien, le tissu doit donc être plutôt épais et bien souple. Un tissage croisé évite toute surprise à ce niveau-là, mais rien ne prouve qu’un tissé droit soit nécessairement inadapté. Il faut être vigilant, point.

Et c’est tout. On ne va quand même pas se compliquer la vie pour une idée sensée nous la simplifier.

Voilà mes critères de choix, depuis toujours. Si je m’étais trompée, ne serait-ce qu’une seule fois, ça aurait très vite fait le tour des forums spécialisés.
Hum … je dois vous faire un aveu. La vérité c’est que malgré ça je me suis trompée trois fois, il y a longtemps, mais que j’ai été seule à en supporter le coût et que personne n’en a jamais rien su … sauf vous qui me lisez. J’ai retenu la leçon.

Remarque : un outil interactif est à votre disposition pour vous aider à
choisir et vérifier le tissu

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Voir aussi

10 raisons de se mettre au portage
La couche lavable façon jetable
Echarpe maison vs. écharpe de marque

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